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[Le loup]
Le loup, longtemps objet de terreur pour les hommes, est
devenu légendaire et demeure aujourd'hui encore mystérieux. Pourchassé à outrance au
cours des derniers siècles, il a presque disparu dans de nombreuses régions du globe.
Le loup a l'allure d'un grand chien de type berger allemand.
Cependant, ses oreilles sont plus courtes et ses yeux dorés obliques sont
caractéristiques. Il a aussi la tête plus large et les épaules plus puissantes que le
chien.
Les dimensions du loup sont variables: il mesure de 1,30 à
1,65 m de longueur, sans compter la queue (30 à 40 cm). La hauteur au garrot est de 65 à
90 cm, et le poids oscille entre 20 et 80 kg. Le pelage, gris fauve le plus souvent, varie
selon les régions du blanc pur (dans l'Arctique) au brun, voire au noir.
La répartition géographique des
loups
Le loup habite l'Amérique du Nord et l'Eurasie, de l'Europe à la Sibérie et l'Inde. Il
est devenu rare aux États-Unis et en Europe occidentale: environ 1 000 spécimens
subsistent en Espagne, 200 dans les Apennins, en Italie, et des populations plus ou moins
importantes en Europe centrale et en Scandinavie. Le Canada et la CEI demeurent ses
principaux refuges.
L'écologie et l'alimentation du
loup
De nombreuses idées fausses ont cours sur les habitudes du loup. On le dit habitant des
forêts profondes, ce qui est vrai pour la taïga sibérienne et canadienne, mais en
Europe il préfère les landes touffues et impénétrables ou les lisières des forêts.
L'espace vital d'une bande de loups varie entre 100 et 10 000 km2: un loup peut parcourir
100 km en une journée. Il chasse à la course, et en meutes, les grands mammifères,
essentiellement les cervidés (élans, cerfs, chevreuils, etc.). Cependant, il se nourrit
aussi de lapins, de rats, voire de grenouilles, d'escargots ou de fruits, et se montre
souvent charognard.
La vie sociale et la reproduction
chez le loup
Le loup vit en sociétés très structurées, dirigées par les mâles âgés qui, seuls,
ont le droit de se reproduire. Une fois formés, les couples sont sans doute unis pour la
vie. Après neuf semaines de gestation, la louve met bas de trois à sept jeunes. Les
naissances ont lieu à l'abri, sous une roche inclinée, dans une grotte, etc. Les
louveteaux ouvrent les yeux à l'âge de 10 jours et sont sevrés à 2 mois. Ils sont
surtout nourris par la femelle, mais le mâle prend part à leur élevage. Ils apprennent
à chasser après le sevrage. Au début de l'hiver, le louveteau a presque la taille
adulte et il atteint sa maturité sexuelle à 2 ans. La longévité de l'espèce peut
être de 16 ans.
À l'automne, les jeunes de l'année précédente rejoignent
leurs parents et les louveteaux de l'année. À l'approche de l'hiver, plusieurs familles
se réunissent pour former une meute: celle-ci comprend en général moins d'une dizaine
de sujets, mais parfois une trentaine. La vie sociale des loups a été beaucoup étudiée
ces dernières années, notamment au Canada. Les loups communiquent entre eux par des
moyens variés: mimiques de la face, mouvements des oreilles, poil hérissé, position de
la queue, messages olfactifs et cris. Ceux-ci peuvent être des glapissements, des
gémissements, des aboiements. Le plus célèbre est le hurlement, véritable chant très
mélodieux. On observe chez eux le phénomène d'inhibition décrit par Konrad Lorenz:
quand deux loups se sont battus, le vaincu s'allonge devant le vainqueur, offrant sa gorge
à ses crocs, et le vainqueur lui fait grâce.
Les loups en France
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les loups étaient confinés dans deux secteurs
principaux: les brandes, landes du Poitou, de l'Angoumois et du Limousin, d'une part, la
Haute-Marne et la Haute-Saône d'autre part. Par la suite, des captures et des
observations eurent lieu sporadiquement. Lors de la vague de froid de janvier-février
1963, des loups furent photographiés en Sologne berrichonne, tandis qu'un hybride de
chien et de loup fut tué aux confins des Vosges et de la Haute-Marne. Des loups furent
abattus dans les Landes en 1968, un spécimen dans l'Aubrac en 1977, un autre dans les
Pyrénées-Atlantiques en 1981 et encore un (certainement d'origine captive) près de
Menton en 1987.
Il est difficile de connaître le nombre exact de loups qui
vivent en france, et ce en raison d'évasions possibles ou de lâchers volontaires de
sujets captifs, de l'existence d'hybrides et de la présence de chiens errants qui peuvent
ressembler à des loups. La survivance de quelques loups, dans le massif central surtout,
n'est pas impossible. Fin 1992, deux loups venus d'Italie ont pénétré dans le parc
national du Mercantour, où ils sont restés. Le loup est cependant encore redouté comme
prédateur et comme vecteur de la rage. Une réintroduction de l'espèce, souhaitée par
certains protecteurs de la nature, devrait donc s'accompagner d'un important travail
préalable d'information des populations locales.
Légende et vérité sur le loup
Le loup a inspiré un grand nombre de proverbes, de dictons, de locutions: «le loup dans
la bergerie», «être connu comme le loup blanc», «les loups ne se mangent pas entre
eux», etc. Sa trace se perpétue dans des noms de lieux: la rue de la Brèche-aux-Loups,
à Paris, la Vallée-aux-Loups, le bois du Loup-Pendu, etc. Dans les campagnes, des
récits de veillée retraçaient les méfaits du loup, mangeur de bétail et d'hommes. La
terreur du loup atteignit son paroxysme avec l'affaire de la «bête du Gévaudan».
La bête du Gévaudan
De 1765 à 1768, dans le Gévaudan et les régions voisines (au nord de ce qui est devenu
le département de la Lozère), une centaine de personnes furent tuées et une trentaine
blessées par une «bête» mystérieuse. Des battues furent organisées et plusieurs
loups abattus. Le mystère de la bête du Gévaudan n'a cependant jamais été
complètement élucidé. Après enquête, il semble que cette affaire était, au moins en
partie, une machination humaine. Un maniaque revêtu d'une peau de loup aurait agi dans un
premier temps, puis une famille de dresseurs d'animaux aurait pris le relais. Elle aurait
alors lancé sur ses victimes des hybrides de chien et de loup tels étaient deux
des animaux tués. Les anciennes chroniques relatent d'autres affaires comparables: bête
de l'Auxerrois (1731-1734), bête du Vivarais (1809-1916).
Le loup-garou
La croyance en la faculté qu'auraient certains sorciers ou êtres malfaisants de se
changer en loup à la tombée de la nuit et de reprendre leur forme humaine le jour existe
depuis l'Antiquité. Hérodote attribuait déjà ce pouvoir aux Neuriens, et Pétrone
relate, dans son Satiricon, l'aventure d'un esclave voyant son maître un soldat
se transformer en fauve, attaquer un troupeau et être blessé par un paysan: il
retrouve le lendemain son maître entre les mains d'un médecin en train de le panser.
Aux XVIe et XVIIe siècles, les tribunaux eurent à juger de
nombreux crimes commis par les loups-garous (on enregistra jusqu'à 30 000 cas entre 1520
et 1630): plusieurs accusés, comme une châtelaine d'Auvergne en 1558, Gilles Garnier,
dit «l'ermite de Saint-Bonnet» en 1573, le berger Jean Grenier en 1604, le loup-garou
d'Eschenbach en Allemagne en 1685, entre autres, avouèrent avoir mangé leurs victimes.
Les juges s'efforçaient, sans grand succès semble-t-il, de
faire la différence entre un «véritable» loup-garou et un simple lycanthrope, atteint
d'une maladie mentale qui lui faisait croire qu'il était transformé en loup.
Les enfants-loups
Le loup a une image plus positive dans les histoires d'enfants adoptés et élevés par
les loups. Mais les enfants-loups ne sont pas seulement une légende, comme celle de
Romulus et Rémus, ou une histoire, comme celle de Mowgli (personnage du Livre de la
jungle, de Rudyard Kipling). Une vingtaine de cas ont été répertoriés, la plupart en
Inde, quelques-uns en Europe, par exemple en Picardie au XVIe siècle et dans les Abruzzes
en 1973.
Si les preuves décisives font souvent défaut, la
découverte de deux fillettes, Amala et Kamala, dans une tanière de loups en Inde, en
1920, a apporté des éléments qui confirment la thèse de l'existence des enfants-loups.
Du reste, rien ne s'oppose à ce qu'une louve adopte un bébé humain. De nombreuses
femelles de mammifères acceptent d'allaiter des jeunes d'une autre espèce, et un enfant
humain assimilerait sans dommage la nourriture régurgitée dont les loups nourrissent
leurs petits.
La découverte près de Düsseldorf, en 1988, d'un petit
garçon qui avait été littéralement adopté par une chienne a prouvé de manière
éclatante que l'existence des enfants-loups était possible. Les enfants-loups sont
généralement décrits comme des quadrupèdes. Ils ont une mâchoire prognathe et des
lèvres épaisses, ils poussent des grognements et mangent de la viande crue. Leur
rééducation ne peut être que partielle. |